Harpagon est un éternel amoureux. Amoureux de l’argent, amoureux de la jeunesse,
amoureux de la vie. Il amasse, accumule, conserve, il désire tout, son appétit est
infini. S’amusant du défaut de ce personnage, le metteur en scène Clément Poirée
s’empare de la fable de Molière et lui donne vie dans un dispositif participatif.
Chaque représentation est unique, le spectacle se construit sous nos yeux. Et si
l’illustration parfaite pour parler d’avarice était un spectacle circulaire où les
comédiens jouent uniquement avec ce que nous leur apportons ? Le Théâtre de
la Tempête revient au nerf, à l’os de la pièce et de la pratique théâtrale. Telle
une colonie de cigales, les comédiens se présentent en sous-vêtements dans un
décor nu. Ils trient, choisissent, associent, disposent en temps réel des éléments
qui leur seront transmis. D‘un théâtre pauvre naît la vraie richesse. Celle du
partage, de l’art, du spectacle. Une fois la représentation finie, tout ce fatras
d’affaires devenu fortune par la grâce du spectacle, entame une troisième vie
auprès d’associations qui sauront les repartager à bon escient.